Opticien Balaruc-le-Vieux Cc Carrefour - Krys
Marion V
Généticiennes, neurobiologistes, biologistes, physiciennes… : chaque jour, des chercheuses à la pointe de l’innovation font avancer la connaissance des pathologies oculaires, œuvrent au développement de nouvelles thérapies et contribuent à faire rayonner l’aura scientifique de la France. Dans ce premier volet consacré à ces femmes d’excellence, Le Guide de la Vue vous propose un coup de projecteur sur l’Institut de la Vision et ses chercheuses, brillantes et passionnées.
Avec 28% de femmes chercheuses en France (contre une moyenne de 33% en Europe), la parité est loin d’être atteinte dans le domaine de la recherche scientifique. L’Institut de la Vision fait figure d’exception : en 2020, il comptait 202 femmes, contre 179 hommes. Avec son environnement interdisciplinaire et son dynamisme, l’Institut de la Vision est un magnifique terrain de recherche pour ces scientifiques qui s’illustrent dans des travaux dont les résultats sont régulièrement reconnus par la communauté scientifique nationale et internationale.
« L’Institut de la Vision veut comprendre les fondements de notre vue, prévenir les pathologies visuelles, voire redonner de la vision aux personnes aveugles. Dans ce combat, l’engagement des femmes est inconditionnel à différents niveaux des multiples tâches de la recherche. L’Institut de la Vision est fier de toutes les femmes engagées au quotidien, dans toutes nos fonctions scientifiques et administratives, et grâce à qui nous sommes à la pointe de l’innovation et de la découverte. Des femmes exceptionnelles dont les nombreuses distinctions nous rappellent que la recherche s’écrit bien au féminin. » Serge Picaud, directeur de l'Institut de la Vision.
Dans le graal de la recherche en ophtalmologie - rendre, au moins partiellement, la vue à des personnes atteintes de cécité - l’optogénétique figure parmi les pistes thérapeutiques prometteuses. C’est dans ce domaine de pointe que s’illustre la Dr Deniz Dalkara, directrice de recherche Inserm à l’Institut de la Vision depuis 2012, lauréate 2021 du Prix des Innovateurs de la Région Ile-de-France. Après une thèse en biologie moléculaire et cellulaire à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, elle rejoint le laboratoire d’Ernst Bamberg à l’Institut Max Planck de Biophysique en Allemagne, où elle s’initie à l’optogénétique. Elle effectue ensuite un deuxième post-doctorat dans les laboratoires du Pr David Schaffer et du Pr John Flannery à UC Berkeley aux Etats-Unis, pionniers dans l’ingénierie des virus adéno-asssociés (AAV) et de leur application à la rétine. « L’optogénétique associe deux technologies : l’optique, qui permet de contrôler l’activité d’une cellule avec la lumière, et la thérapie génique, grâce à l’insertion d’un gène dans la cellule pour qu’elle devienne sensible à la lumière », explique la biologiste. Une technologie rendue possible grâce à cette spécificité des photorécepteurs : ce sont les seules cellules du corps capables de répondre à la lumière, grâce à des opsines, des pigments photosensibles qui vont capter le signal lumineux pour le transformer en un signal électrique transmis au cerveau. Là où la thérapie génique va chercher à remplacer un gène défaillant ou déficient par une copie saine, l’optogénétique va utiliser un gène pour traiter les symptômes ou restaurer une fonction perdue. Cette piste thérapeutique constitue un véritable espoir pour les dégénérescences rétiniennes héréditaires, dont les options de traitement sont à ce jour très limitées.
En photo : Dr Deniz Dalkara et un collaborateur à la paillasse.
La Dr Deniz Dalkara concentre plus spécifiquement ses recherches sur la rétinopathie pigmentaire, se caractérisant par la perte progressive des photorécepteurs. Cette maladie, qui touche 1 personne sur 3 000, se manifeste les premières décennies par une perte de la vision nocturne, suivie d’une restriction du champ visuel en tunnel, qui peut mener à terme et avant 40 ans, à une cécité. « On a découvert qu’au stade de la fermeture du tunnel, les photorécepteurs perdaient leur petite antenne leur permettant de capter le signal lumineux. La cellule est toujours là mais elle ne fonctionne plus. La lumière n’est plus captée, le message n’est donc plus transmis au cerveau », explique la biologiste. D’où l’idée de recourir à l’optogénétique pour « réactiver » la cellule. Pour cela, la chercheuse et son équipe utilisent des opsines d’origine microbienne, protéines photosensibles issues des algues. « On va recréer une petite cascade de phototransduction avec une sorte de prothèse biologique, afin de restaurer la fonction de la cellule, poursuit la Dr Deniz Dalkara. Par le biais de techniques issues de la thérapie génique, on transfère le gène d’une protéine d’algue photosensible dans un virus. Ce virus va ensuite « infecter » les cellules de la rétine, et les rendre photosensibles. On crée en quelque sorte de nouveaux photorécepteurs. » Une première étape a été franchie en 2021 : une équipe de recherche internationale associant l’Institut de la Vision, l’hôpital des Quinze-Vingts, l’Université de Pittsburgh, l’Institut d’ophtalmologie moléculaire et clinique de Bâle ainsi que les sociétés Streetlab et GenSight Biologics, a mis en évidence que la thérapie optogénétique pouvait partiellement restaurer la vision chez un patient aveugle atteint de rétinopathie pigmentaire à un stade avancé. Avec l’aide de lunettes, il peut désormais localiser, compter et toucher des objets. Une piste thérapeutique riche d’espoir pour aider les patients atteints de pathologies rétiniennes héréditaires à recouvrer, au moins partiellement, la vue.
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Véritable enjeu de santé publique, les pathologies rétiniennes sont à l’origine de divers handicaps visuels, et de répercussions variables sur la vie sociale et professionnelle des patients concernés.
Marion V
Elisabeth G
Anne-Laure P
Aurélie C